23/07/2025
Conseils d'investissement
Mise à jour : 07/10/2025
Depuis des années, le DPE (Diagnostic de Performance Énergétique) est devenu le juge de paix du marché immobilier. Une mauvaise étiquette, et c’est tout un projet de location ou de revente qui s’effondre. Mais en 2026, tout pourrait changer. Et pour les investisseurs avisés, c’est peut-être le moment d’anticiper ce nouveau virage.

Depuis son introduction, le DPE s’est imposé comme un passage obligé de toute transaction immobilière. Il détermine la fameuse étiquette énergétique — de A à G — affichée sur chaque annonce et influence désormais le prix des logements comme leur louabilité.
Mais depuis la refonte de 2021, de nombreuses voix s’élèvent : trop théorique, parfois incohérent, le DPE pèche par un biais structurel – les logements chauffés à l’électricité y étaient systématiquement désavantagés.
Pourquoi ? Parce que leur consommation finale était multipliée par un coefficient de 2,3 pour être convertie en énergie primaire. En clair : le calcul surestimait l’énergie réellement nécessaire pour se chauffer, plaçant de bons élèves énergétiques dans la catégorie des passoires.
Le DPE n’a pas toujours eu le poids qu’on lui connaît. Créé en 2006 dans le sillage des directives européennes sur la performance énergétique, il n’était alors qu’un simple document informatif. Pendant longtemps, son influence sur le prix de l’immobilier est restée marginale. Ce n’est qu’à partir de 2021, avec sa refonte complète et son opposabilité juridique, qu’il est devenu un véritable levier de régulation du marché. Désormais, un DPE défavorable ne se contente plus de décourager les acheteurs : il peut interdire la location, freiner un financement bancaire ou obliger à engager des travaux. Autant dire que la réforme de 2026 s’inscrit dans une longue histoire d’ajustements successifs.
La réforme annoncée par le ministère de l’Économie le 26 août 2025 vise à corriger cette distorsion. Le coefficient de conversion de l’électricité passe de 2,3 à 1,9. Ce simple ajustement suffit à améliorer mécaniquement la note de centaines de milliers de logements.
C’est un signal politique fort : la France, dont le mix énergétique repose majoritairement sur le nucléaire et les renouvelables, reconnaît enfin que l’électricité est une énergie faiblement carbonée.
Le changement entrera en vigueur le 1ᵉʳ janvier 2026 pour tous les nouveaux diagnostics.
Les DPE déjà réalisés entre 2021 et 2025 resteront valables, mais leurs propriétaires pourront obtenir gratuitement une attestation de nouvelle étiquette via le portail de l’ADEME.
Le ministère évalue à 850 000 le nombre de logements qui sortiront du statut de passoire énergétique grâce au nouveau calcul.
Certains observateurs, comme Batiweb ou Le Journal de l’Agence, avancent même des chiffres bien plus ambitieux : jusqu’à sept millions de logements pourraient gagner une lettre sur leur étiquette, principalement ceux chauffés à l’électricité.
En pratique, un appartement classé F pourrait passer en E, voire D, sans qu’un seul mur n’ait été isolé. Pour les propriétaires bailleurs, c’est un tournant : un bien précédemment interdit à la location pourra redevenir louable.
💡 À retenir : aucun logement ne verra sa note se dégrader. Tous les changements seront neutres ou positifs.
Un T2 de 45 m² construit dans les années 1990 à Rennes, chauffé par radiateurs électriques. Son DPE actuel indique une consommation de 350 kWhEP/m²/an, ce qui le classe en F.
Avec le nouveau coefficient de 1,9, la consommation recalculée descend à 290 kWhEP/m²/an — il passe donc en E, voire D si les menuiseries ont été changées récemment.
Résultat : le propriétaire retrouve la possibilité de louer son bien sans travaux.
Cet exemple illustre parfaitement l’effet de la réforme : pas de miracle énergétique, mais une correction mathématique bienvenue pour les logements électriques performants.
Le DPE 2026 ne renverse pas la table : la méthode 3CL reste la même, la validité des diagnostics demeure de 10 ans, et les obligations légales prévues par la loi Climat & Résilience ne changent pas.
Les interdictions de louer des logements classés G (2025), F (2028) ou E (2034) restent bien en place.
Autrement dit : le gouvernement corrige une inégalité de calcul, mais il ne desserre pas l’étau réglementaire autour des passoires thermiques.
🎥 Source : Ministère de l’Économie – “Nouveau DPE 2026”
Les professionnels de l’immobilier se réjouissent : la réforme rétablit une forme de justice entre les différentes sources d’énergie. “Des appartements bien isolés étaient classés F uniquement parce qu’ils étaient électriques : ce n’était pas cohérent”, explique un diagnostiqueur nantais.
Mais du côté des associations environnementales, le ton est plus sceptique. Beaucoup redoutent un “verdissement de façade” : améliorer les notes sans améliorer les murs.
La Cour des comptes a d’ailleurs mis en garde l’État, estimant que la priorité devrait être de fiabiliser les diagnostics avant de modifier leurs paramètres.
Le risque, selon les experts : que certains propriétaires, rassurés par leur nouvelle étiquette, diffèrent leurs travauxd’isolation. Or une meilleure lettre sur le papier ne garantit ni une baisse de la facture, ni un confort accru.
Sur le marché, les effets pourraient être immédiats. Des biens auparavant décotés à cause de leur mauvaise étiquette retrouveront de l’attrait.
Les logements chauffés à l’électricité — souvent des petites surfaces — pourraient même gagner 5 à 10 % de valeur.
Pour les investisseurs locatifs, c’est une excellente nouvelle : la réforme élargit le champ des biens exploitables sans enfreindre la réglementation.
Elle offre aussi une fenêtre de tir avant l’échéance de 2028, date à laquelle les logements F seront bannis du marché locatif.
Les conséquences économiques du nouveau DPE 2026 s’annoncent considérables. En reclassant mécaniquement des centaines de milliers de logements, la réforme pourrait influencer les prix dans certaines zones. Les “fausses passoires” regagneront en attractivité, tandis que les véritables gouffres énergétiques – mal isolés, chauffés au gaz ou au fioul – verront leur décote s’accentuer.
Côté financement, les banques intègrent désormais la “valeur verte” dans leur analyse de risque : un bien mieux classé, c’est un actif plus durable, donc plus finançable. Ce reclassement peut donc faciliter l’obtention d’un prêt immobilier ou d’un refinancement.
En revanche, pour les artisans et les entreprises de rénovation, le risque est inverse : un ralentissement temporaire de la demande de travaux si trop de propriétaires se contentent d’un “meilleur DPE sur le papier”.
Le nouveau DPE s’inscrit dans une trajectoire plus large : celle de l’électrification du parc résidentiel.
Alors que les chaudières au gaz et au fioul disparaissent progressivement, l’État parie sur un mix électrique bas-carbone.
En rendant le DPE plus favorable à l’électricité, la France aligne sa politique énergétique avec ses ambitions climatiques. Mais cette stratégie n’est pas sans risque : sans un effort massif de rénovation, l’augmentation de la demande en électricité pourrait peser sur le réseau national.
Cette réforme ne se limite pas à une question de calcul. Elle s’inscrit dans une stratégie européenne plus large : le paquet “Fit for 55” de l’Union européenne impose une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Pour y parvenir, le secteur du bâtiment – responsable d’environ 40 % des consommations d’énergie – est en première ligne. Le DPE, en France, est l’outil clé de cette politique.
En favorisant le chauffage électrique, le gouvernement parie sur un mix énergétique déjà faiblement carboné, mais doit éviter un effet rebond : si la consommation totale augmente, le bénéfice environnemental risque d’être annulé. Le défi n’est donc pas seulement de classer, mais bien de rénover, pour réduire la demande énergétique globale.
Le ministère de la Transition écologique prépare déjà la suite. Le DPE de demain pourrait s’appuyer sur les données réelles de consommation (grâce aux compteurs connectés) et intégrer davantage le bilan carbone global des logements.
Des évolutions sont également envisagées sur la prise en compte des usages réels et sur la qualité de l’air intérieur, afin de mieux relier confort et performance énergétique.
Si votre logement est chauffé à l’électricité, ne refaites pas votre DPE avant 2026 : attendez le nouveau barème, plus avantageux.
Pour les logements au gaz ou au fioul, cette réforme ne change rien : seule une rénovation (isolation, remplacement du système de chauffage) pourra améliorer votre note.
Et si vous envisagez une vente ou une location avant 2026, gardez en tête que les diagnostics actuels restent valables 10 ans. À partir de janvier 2026, vous pourrez demander gratuitement votre attestation de reclassement sur la plateforme de l’ADEME.
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Le nouveau DPE 2026 n’est pas une révolution, mais un rééquilibrage salutaire. En abaissant le coefficient de conversion de l’électricité à 1,9, la France rend enfin justice à une énergie faiblement carbonée.
Les logements chauffés à l’électricité seront les grands gagnants, tandis que les propriétaires de biens au gaz ou au fioul devront poursuivre leurs efforts de rénovation.
Reste à savoir si cette réforme incitera réellement à rénover mieux — ou si elle ne fera qu’offrir un répit temporaire avant les prochaines obligations énergétiques.
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